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connaissance instinctive

  • du Sauvage .... au civilisé

    Image par Prawny de Pixabay

    Du sauvage...

    C'est de là que nous venons tous. De celui qui sent, qui est. Un jour, un civilisé a dit "Je pense donc je suis". Je crois plutôt que c'est parce que je sens, que je suis.

    Vous avez entendu parlé de ces "enfants loups", des enfants humains élevés dans la nature par des mères louves. Le sauvage, celui-là qui n'a jamais croisé un miroir, celui-là qui ne communique pas avec ses semblables par le biais du langage oral. Le sauvage, celui qui sent. Il sent la faim, cette sensation désagréable de vide au creux de son corps, qui l'invite à communier avec la nature pour trouver sa nourriture.

    Le sauvage ne se sent pas différencié de tout ce qui l'environne, il est lié au vivant, il n'a pas besoin de le penser. Ses narines frémissent au printemps, pénétrées par les subtiles parfums des fleurs offertes aux premiers soleils. Il vibre en écho à la beauté profuse qui, par son regard posé, emplit son être de sensations d'émerveillement.

    Le sauvage ne se sent pas supérieur à la libellule sur l'étang, au grillon qui chante. Il est, simplement, autrement. Il vit, car il est né, et qu'il écoute l'appel de la vie à l'intérieur de son corps. Il suit cet élan vital, là où il le mène. Le sauvage ne connaît pas de demain. Seul l'ici et maintenant existe pour lui.

    Qu'est ce que tu fais dans la vie? "Et bien, je vis" répondrait le sauvage. Il ne se définit pas par son sexe, son âge, sa descendance ou un usage dans la société. Il fait corps avec sa société, comme il fait corps avec la nature qui lui offre le gîte et le couvert. Il honore cette nature, vit en permanente gratitude pour tous ses dons.

    Alors oui, c'est risqué cette vie là. Cueillir le jour.

    Cette vie là demande de faire confiance à la généreuse abondance de la vie, et d'accepter aussi les chaos, l'inconnu, l'imprévu. Aucun contrôle, sur rien!

    Le sauvage sent ce quelque chose de plus grand, qui anime le vivant. Cette intelligence prodigieuse, qui habite déjà dans la graine, et vibre encore au delà des limites des étoiles dans le ciel. Cet innommable, innommé, cette énergie qui organise majestueusement tout ce qui est, et qui lorsque le corps revient à la terre, libéré de l'être qui l'habitait, sait encore les chemins pour transmuter la charogne en humus.

    Le sauvage, l'incontrôlé, l'incontrôlable, l'ennemi de la civilisation. Celui qui n'est pas sachant, savant, car il tient sa connaissance de ses sens. Il échappe à cette société civilisée, qui n'a de cesse de tenter de lui faire accepter qu'elle est la voie du progrès de son être. Le chant des sirènes du confort sonne faux à ses oreilles sachantes. Il se refuse au confort du prévisible, de l'assuré, de l'immuable... Tout cela pue le mort-vivant à ses narines aiguisées.

    Du contrôle, de l'assurance, du douillet, du prévu, de l'uniforme ... voici ce que le civilisé veut faire accepter au sauvage.

    Le sauvage n'est pas dupe. Il continue, et continuera à choisir le vivant, le vibrant, le risque, le mouvement, l'essouflement, la joie d'être relié, émerveillé, uni et Libre.